Les Amchis au Mustang
MEMOIRE DU SAVOIR :
Communautés Amchis - Royaume du Mustang (Pays de Lô de culture tibétaine)
Sauvegarder la connaissance millénaire des médecins Amchis au Mustang
Rencontre parrainée par Roland Dozière Vice-Président de la Maison Culturelle du Népal à Paris – grand spécialiste du royaume du Mustang
Pour en savoir plus, téléchargez la lettre d’information : amchis_lettre-dinformation-sur-lecole-au-mustang.pdf
La vie au Royaume Interdit
Les éléments terre, eau, feu, air, espace agissent sur le corps humain qui n’est pas séparé du reste du monde, mais en résonnance avec tout l’univers et ses lois.
La disparition des médecins Amchis
En occident, les prescriptions sans discernement d’antibiotiques on entrainé une résistance accrue des bactéries. Bientôt 80 à 90 % des germes infectieux seront inattaquables. C’est pourquoi, les plantes prennent en occident une importance croissante pour les chimistes. Les Amchis connaissent les plantes. Ils peuvent nous apprendre beaucoup de choses concernant les thérapies par les plantes. Un savoir de 2 millénaires ne doit pas disparaitre… |
Données Techniques du projet
Description |
Nombre de Pièces |
Salle de classe 12 feet X 15 feet |
3 |
Pension garçons et filles 15 feet X 15 feet |
2 |
Bureau 15 feet X 15 feet |
1 |
Toilettes 5 feet X 5 feet |
6 |
Salle de laboratoire 15 feet X 12 feet |
1 |
Cuisine et réfectoire 20 feet X 15 feet |
1 |
Description |
Taux |
Quantité |
Montant en roupies népalaises |
Ciment, tiges et armatures |
700 |
520 |
364 000 |
Tiges, armatures |
120 |
5 200 |
624 000 |
Pierres |
50 |
3 000 |
150 000 |
Cailloux |
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50 000 |
Encadrement en bois |
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150 000 |
Portes et fenêtres |
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200 000 |
Peinture |
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75 000 |
Main d’œuvre |
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200 000 |
Sable |
60 |
2 500 |
150 000 |
Installation salles de bain et toilettes |
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200 000 |
Total en roupies népalaises |
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2 163 000 |
Total en euros* |
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24 000 € |
*Cours actuel : 1 € = environ 90 roupies
Entretien avec TENZING BISTA Amchi du Roi du Mustang et un représentant de la Maison Culturelle du Népal (MCN)
Définition de l’Amchi : C’est un médecin, un guérisseur qui pratique une médecine qui est propre aux pays de civilisation tibétaine. Il s’inspire des traditions médicales indiennes ( médecine ayurvédique), chinoise (acupuncture) et iranienne (gréco-arabe). L’Amchi prescrit uniquement des remèdes naturels qu’il prépare lui-même en poudre, pilules et sirop ou encore en baumes, huiles et cendres qui s’appliquent alors aux traitements externes.
- Bonjour Roland, je suis moine, médecin et enseignant. J’instruis aussi des jeunes hommes et jeunes filles qui veulent devenir Amchis à Lo Manthang actuellement mais notre école est petite et nous avons beaucoup de mal à faire des cycles normaux de cours, à cause des conditions atmosphériques.
MCN : Quel est votre travail, quelles méthodes employez- vous pour diagnostiquer les maladies ?
- Pour détecter les maladies il y a l’examen du pouls, à travers lequel on détermine l’équilibre entre les énergies du corps et le fonctionnement des organes. Pour les bébés et les jeunes enfants, le diagnostic est déterminé par l’examen de l’oreille externe. Il y a aussi l’examen visuel, de la langue incluant aussi celui des urines. Et puis, j’interroge le malade.
S.B :Pratiquez vous une médecine traditionnelle à la française ?
- Notre médecine est basée sur la guérison par les plantes, les herbes, les écorces, les fruits et des minéraux trouvés dans l’himalaya. Les pilules contiennent généralement de nombreux ingrédients différents se complétant les uns les autres et qui ont été utilisés depuis des siècles de telle sorte qu’ils n’ont habituellement pas d’effets secondaires ce qui n’est pas le cas des médicaments de votre médecine. Notre système médical ne s’oppose pas à la médecine occidentale qu’il peut compléter ou suppléer comme c’est le cas aujourd’hui dans notre région reculée loin de la civilisation.
S.B :Faites vous de la prévention ?
- Nous faisons le maximum pour éduquer la population à bien se nourrir. Nous donnons des conseils alimentaires, à bien utiliser l’eau en la faisant bouillir par exemple, des conseils sur le comportement de tous les jours et l’hygiène.
MCN : Combien reste-t-il d’Amchis à Lo Manthang ?
- Il y en avait une centaine, maintenant il en reste seulement sept dans le bas et haut Mustang.
S.B : Combien d’années d’études faut il à un moine pour devenir Amchi ?
- Il est nécessaire de faire au minimum deux ans d’études et d’apprentissage aux côtés d’un Amchi expérimenté après cinq ans d’années d’études théoriques normalement.
MCN : Pourquoi y a-t-il une disparition des Amchis ?
- Les habitants du Mustang, les lobas désertent cette province népalaise où il est difficile de vivre à cause des conditions naturelles (Altitude, minérale) et des hivers très froids souvent pour se rendre dans les grande ville comme Pokhara ou la capitale Kathmandu. Il y a de moins en moins d’enfants, donc d’écoles et d’Amchis.
MCN : La route qui va se construire apportera des médicaments, amènera du monde qu’en sera-t-il de votre médecine ?
- Les villageois seront contents peut-être ? Mais pourront-ils payer la médecine occidentale ? La tradition peut être disparaîtra mais actuellement c’est la seule médecine sur place qui sauve des vies, elle est naturelle et provient des plantes qui sont souvent la base des médicaments traditionnels. Nous faisons tout pour la sauvegarder car nous pensons qu’elle sera toujours utile….
S.B : Votre médecine a-t-elle un lien avec la religion ?
- Elle est très liée au bouddhisme et nous agissons toujours selon ses principes éthiques. C’est mieux d’être lama, moine pour être Amchi, mais ce n’est pas obligatoire, actuellement certains de nos étudiants ne sont pas moine, ni lama.
B.H : Comment avez-vous appris cette médecine ?
- J’ai appris avec mon père qui était un grand Amchi, puis je suis allé me perfectionner au Tibet, au Bhoutan et en Inde. Mais le système médical tibétain remonte à plusieurs siècles. Le texte de référence de la médecine tibétaine, le Ghyü Shi qui fut retranscrit par Yuthok Yonten au XIIème siècle contient toutes les connaissances sur le sujet. Aussi appelé les quatre tantras (volumes), cet ouvrage est toujours utilisé par les étudiants en médecine. Toutes les informations relatives aux causes, aux symptômes et aux traitements des maladies sont décrites et abondamment illustrées dans ces volumes. A la différence de la médecine occidentale, le système médical tibétain se fonde sur les énergies principales qui régulent toutes les fonctions physiques du corps. Chez les personnes saines, ces énergies s’équilibrent entre elles ; en cas de déséquilibre, des problèmes médicaux et des maladies peuvent apparaître.
MCN : Arrivez- vous à préserver les plantes avec les désordres écologiques ?
- Nous faisons de notre mieux et nous arrivons à les préserver. Il existe 600 plantes médicinales. Trois cent sont trouvées au Népal, et les autres proviennent du Tibet ou de l’Inde.
SB : Quelles sont les principales pathologies rencontrées ?
- Nous en trouvons trois principales : la première est la gastro-entérite due au problème d’hygiène et de nourriture, la deuxième les rhumatismes dues au froid , à l’humidité dans les maisons, la troisième est la pneumonie due aux mêmes que pour les rhumatismes et de respirer les fumées dans les maisons…. Notre médecine est particulièrement efficace s’agissant des maladies chroniques.
SB :Pratiquez vous des opérations ?
- Nous pratiquions avant des opérations mais plus maintenant. Nous avions les moyens d’instruire pour opérer, mais tout se pratiquait au Tibet. Maintenant que la frontière est fermée par les Chinois, donc pour les opérations, il faut se rendre à Kathmandu, c’est du ressort de la médecine moderne… Le taux de mortalité est très important car peu de gens peuvent être amenés rapidement dans la capitale, sans parler du coût.
MCN : Si on construisait un hôpital à Lo Manthang, pourriez vous pratiquer des opérations ?
- Il faudrait d’abord des écoles pour former les Amchis pour qu’ils deviennent chirurgiens et après oui, ils pourraient opérer dans un hôpital.
SB : Qui fait les accouchements ?
- Personne, car personne n’est formé pour le faire, les femmes accouchent chez elle, à l’aide d’autres femmes mais on peut aussi les aider.
SB : Y a-t-il une grosse mortalité infantile ?
- Oui, sur 10 accouchements, il y a 3 décès mais pas uniquement les enfants parfois aussi les mères
MCN : Les consultation sont- elles gratuites ?
- Depuis très longtemps, les villageois donnent ce qu’ils veulent ou ce qu’ils peuvent mais ce n’est pas une obligation, toutes les personnes que nous voyons sont examinées et soignées. Une consultation dure environ une demi-heure. Après la première consultation, il est recommandé à la plupart des patients de revenir deux à quatre mois plus tard, puis au bout de six mois. Ceci est également dû à l’effet des saisons sur le corps qui rend parfois nécessaire un ajustement du traitement. Il est déconseillé de prendre les mêmes pilules à base de plantes pendant plus de six mois sans avoir à nouveau consulté, à moins que cela n’ait été prescrit par l’Amchi.
S.B : Disposez vous de stéthoscopes, d’instruments de mesure ?
- Nous utilisons les stéthoscopes et thermomètres depuis six ans environ… Mais normalement, nous n’avons pas besoin de matériel médical autre que nos sens et notre connaissance.
MCN : Avez-vous besoin d’autres matériels ?
- Oui, de scanner par exemple pour diagnostiquer la pneumonie, mais il nous faudrait aussi l’électricité…Vous voyez ce n’est pas simple dans notre contrée. Notre désir est de préserver la médecine par les plantes, mais aussi d’instruire les futurs Amchis à la médecine moderne. Encore faut-il avoir les médicaments adéquates ? Avec les plantes, nous n’avons pas le problème d’approvisionnement et de coût.
S.B : Avez-vous des cas de mal voyance ?
- Oui il y en a, et nous avons été formés à ce sujet à l’hôpital de Pokhara.
MCN : Avez-vous à Lo Manthang le matériel pour soigner les mal voyants ?
- Malheureusement, nous n’avons pas le matériel adéquate
MCN : Allez- vous faire des conférences sur cette pratique de la médecine dans d’autres pays ?
- Oui, je suis invité parfois pour faire des conférences d’ailleurs je viens de rentrer d’Angleterre et je suis allé au Japon, en Allemagne.
MCN : Accepteriez -vous de former des médecins étrangers à votre médecine ?
- Ce n’est pas un problème, si ce n’est la langue car nous parlons tibétain ou népali. Donc il suffit simplement d’avoir un traducteur.
B.H : Est ce qu’une femme médecin pourrait-être formée ?
- Il n’y a aucun soucis et aucune barrière à ce niveau.
B.H : Connaissez vous le cancer et le sida ?
- Nous connaissons ces maladies mais aucun cas de sida n’a été diagnostiqué